Distribution

Clément Rouat
Doriane Hadjakli
Florence Noguès
Muriel Ropars
Monique Dauer
Riadh EL Gares

Technique:
Annie Cann
Hubert Thomas

Mise en scène:
Clément Rouat




 

 

 




 

 

 


Le Tailleur et l'ouragan

La veillée de nos anciens n’était-elle pas ce moment exceptionnel de partage où l’on sent, dans le silence, une communion profonde des attentions, l’opportunité d’un temps donné à la rencontre, à la courtoisie des comportements, au respect de la parole d’un maître conteur – toutes choses qui semblent trop souvent absentes dans nos assemblées d’aujourd’hui. Ce rituel modeste d’une société rurale, expression d’un humanisme où le mendiant lui-même trouvait sa part, devrait être pour nous une leçon.

Dans le conte de veillée, un art « pauvre » est à l’œuvre, accordé à la condition d’un public en phase avec des histoires merveilleuses ou facétieuses, mais toujours si simples, si dépouillées de tout ornement qu’elles semblent parfaitement ingrates à tout lecteur moderne féru d’effets spéciaux et de superproductions avec monstres et machines diaboliques, épreuves extraordinaires et héros                   hyper-vitaminés. Le monde inventé par notre conteur paraît, en effet, bien conventionnel : un mulet « qui fait des crottes en or », une serviette et un bâton magiques, des figures « surnaturelles » dotées d’un comportement si manifestement humain, un personnage principal - ce héros si mince (un tailleur !) -  affligé d’une naïveté pendable. Mais si justement le principal ornement de notre histoire était de n’en avoir aucun – « la brèveté, selon La Fontaine, étant l’âme du conte » ! Ainsi, le fabuleux est là, à notre porte, Ouragan est notre voisin, et Hiver un pauvre bougre, un pas-de-chance, et la première victime des malheurs qu’il est chargé, par sa fonction même, de mettre en scène. L’humanité est donc la chose du monde la mieux partagée, l’étrangeté n’a pas le temps d’être inquiétante, et ce héros si maladroit est comme chez lui dans le merveilleux. La simplicité s’appellerait alors élégance. A-t-on besoin d’autres moyens ?

Le Théâtre de l’Arche : clap de fin ?

Le théâtre que nous avons fait pendant plus de 40 années a toujours été à contre-courant d’une mode de l’esbroufe et du fun devenue, avec la dérision et la transgression, la doxa contemporaine, la norme « naturelle » ; notre choix affirmé de la transmission d’une culture authentique et féconde a toujours été assumé : cela s’appelait autrefois « l’éducation populaire ». Pour moi, du moins, au bout de cette aventure modeste de théâtre amateur dans notre commune, où nous avons tâché de défendre un « loisir studieux », des textes vivants parce qu’universels, et le rôle social d’un art qui « rend ou devrait rendre l’homme plus humain, c’est-à-dire moins seul. »(Arthur Miller) – il est temps de céder la place.